André administrateur
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Posté le: Ven 02 Aoû 2013 9:49 pm Sujet du message: Origines de la vie : quoi de neuf dans la «soupe» primordial |
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Salut à tous
En 1924, le biochimiste russe Alexandre Oparin émit l'hypothèse qu'une première cellule vivante était née dans une «soupe» primordiale riche en composés carbonés synthétisés dans l'atmosphère à partir du méthane.
Ce n'est qu'en 1953 que le chimiste américain Stanley Miller, décédé en 2007, mit l'idée en pratique.
Crédit photo ; ifremer
En soumettant un mélange de méthane, d'hydrogène, d'ammoniac et d'eau à des décharges électriques, il obtint quatre acides aminés.
En démontrant qu'il était possible de synthétiser ces véritables briques du vivant à partir d'un dérivé carboné comme le méthane, Miller généra un immense espoir: les chimistes allaient pouvoir reconstituer une vie primitive en tube à essais.
En 2013, soixante ans après l'expérience de Miller, que reste-t-il de cet espoir? Sans conteste, l'eau de la «soupe» reste le berceau de la vie.
Son état liquide résulte du réseau dense de «liaisons hydrogène» qui relient les atomes d'oxygène d'une molécule d'eau aux atomes d'hydrogène d'une molécule voisine.
Ces liaisons ont joué un rôle déterminant dans la chimie de l'origine de la vie.
À ses débuts, cette dernière utilisait très probablement des dérivés carbonés.
Première difficulté: selon les géochimistes, l'atmosphère primitive de la Terre était dominée par du dioxyde de carbone (CO2) et ne contenait que peu de méthane.
En remplaçant ce dernier par le CO2, Miller n'obtint que de très faibles rendements en acides aminés.
Fort heureusement, deux nouvelles «filières» sont apparues depuis la célèbre expérience.
Les scientifiques ont notamment découvert que les gaz qui s'échappent des sources hydrothermales sous-marines comme celle de Rainbow, située à plusieurs milliers de mètres de profondeur au large des Açores,
renferment de l'hydrogène et du CO2 et génèrent de longues chaînes de carbone et d'hydrogène, premiers pas vers la synthèse des membranes.
Seconde piste: ces ingrédients nous arrivent aussi tout droit de l'espace.
C'est ainsi que la météorite de Murchison, tombée en Australie en 1969, renferme plus de soixante-dix acides aminés différents, dont huit entrent dans la composition des protéines.
À plus petite échelle, les collectes de micrométéorites réalisées dans les glaces de l'Antarctique permettent d'affirmer que d'énormes quantités de matière carbonée complexe furent livrées à la jeune Terre, il y a un peu plus de 4 milliards d'années.
Après soixante années d'efforts, le rêve de recréer la vie en tube à essais n'a toujours pas été exaucé.
Le mode de fonctionnement cellulaire commun à tous les systèmes vivants suggère que la vie terrestre est apparue sous les traits d'une minicellule.
Les chimistes se sont donc efforcés de reconstituer en laboratoire des modèles réduits de membranes, de protéines et d'acide ribonucléique (ARN), une biomolécule très proche de l'ADN.
Le bilan est satisfaisant pour les minimembranes et les miniprotéines reconstituées in vitro.
Par contre, la formation spontanée de longs brins d'ARN est plus problématique, à cause notamment de l'un de ses composants, le sucre ribose. Quelques avancées ont néanmoins été réalisées grâce à l'acide borique, qui stabilise le ribose.
La synthèse de nucléotides (les maillons des molécules d'ARN et d'ADN) peut également être obtenue en partant des précurseurs des sucres et des bases (les fameuses «lettres» de l'alphabet génétique).
Enfin, les nucléotides peuvent être polymérisés en présence d'argile.
Il se peut même que la vie soit apparue sous les traits de vésicules ayant encapsulé des ARN, animant un monde vivant fait d'ARN (au lieu d'ADN, comme c'est le cas aujourd'hui) et qui aurait précédé le monde cellulaire.
À l'idée d'une vie primitive hétérotrophe utilisant des molécules carbonées déjà formées, née dans une soupe primordiale contenant tous les éléments nécessaires, certains lui préfèrent une vie autotrophe utilisant directement le CO2 comme source de carbone.
Dans cette approche métabolique, les organismes vivants primitifs sont décrits comme des molécules carbonées favorisant leur propre formation (autocatalytiques) et se développant sur des surfaces minérales.
Force est malgré tout de constater qu'après soixante années d'efforts, le rêve de recréer la vie en tube à essais n'a toujours pas été exaucé.
Par contre, en plantant le décor et les personnages, les chimistes ont défini une véritable référence pour la recherche de vie extraterrestre qui permettra, peut-être, de sortir la vie terrestre de sa solitude cosmique.
La source ;
http://www.lefigaro.fr/sciences/2013/07/19/01008-20130719ARTFIG00431-origines-de-la-vie-quoi-de-neuf-dans-la-soupe-primordiale.php
Amicalement _________________ Etrange époque où il est plus facile de désintégrer l' atome que de vaincre un préjugé.
Einstein, Albert, |
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